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 carnets de famille > onzième génération - Blaise Henri Boudhuile - 1868-1932

 

 

introduction

1° génération Benoît Boudhuire 1557

 2° génération Claude Boudhuire 1575

 3° génération   Pierre Boudhuire 1600

 3° génération Jean Boudhuyre 1612

 4° génération Benoît Boudhuyre 1625

 4° génération Pierre Bouduire 1640

 5° génération Pierre Boduire 1660

 5° génération Pierre Boudhuile 1677

 6° génération Pierre Boduyre 1687

 6° génération Antoine Boduile 1709

 7° génération Pierre Boudhuire 1727

7° génération Etienne Boudhuire 1735

8° génération Pierre Boudhuile 1767

9° génération Pierre Boudhuile 1809

10° génération  Henri Noêl Boudhuile 1844

11° génération Blaise Henri Boudhuile 1868

12° génération Louise Boud'huile 1905

13° génération    Henri Dancette 1937

14° génération    Veronique Dancette 1960

15° génération    Mathias Lopez Dancette 1986

Album photos  1880-1929

Album photos  1930-1949

Album photos  1950-2002

 

 

 

 

 

11° GENERATION

 

  

generation 11 Henri Blaise Boud'huile

 

  

FIN DU XIX° SIECLE............. DEBUT DU XX° SIECLE ...............

 

III° REPUBLIQUE ..... Guerre de 1870 ....CRISES.... IMPÉRIALISME...

 

LA BELLE EPOQUE…

 

 

Voici mon Grand-Père  : BLAISE - HENRI   1868-1932  qui va vivre  64 ans .

 

Pour vous , nos petits enfants , c’est votre arrière , arrière , arrière aïeul .

 

Il a cinq ans lorsque  :

 

        NAPOLEON III meurt en exil en Grande Bretagne le 7 janvier 1873 . THIERS est contraint de démissionner . Il est remplacé par MAC MAHON .

 

        La génération de Blaise-Henri est étroitement liée à celle de ses parents , du fait de la mort prématurée de son père et de  l’importance de la place de sa mère .

        

        L’enfance de Blaise-Henri s’écoule toujours à St.Andéol . Il a 8 ans à la mort de son Père . En compagnie de ses sœurs , Marie -Mathilde 9 ans et Marie -Émilie 7 ans , il anime l’ambiance familiale qui , du fait des évènements familiaux est plutôt austère . L’oncle Abbé veille de loin sur eux . Ayant une riche bibliothèque , il leur apporte à chaque visite de beaux  livres et passe de grands moments à les instruire , outre la vie des saints il narre  le temps des Lumières , passé tout récent mais si riche de progrès . Il leur fait aimer Jules Verne et leur recommande Victor Hugo . Divin oncle abbé qui a su acquérir entre autres  le récit « de l’Illiade et l’Odyssée   » qui , non seulement a enchanté ses neveux , mais ce même livre fera aussi le bonheur beaucoup plus tard du petit fils de Blaise -Henri  : votre grand-père Henri !!

 

        Blaise -Henri ne peut s’empêcher de regretter le vrai bonheur de la vie familiale authentique lorsque son Père était encore en vie . Maintenant , c’est grand’mère Marie Jacquemont et grand’mère Etiennette Guillemin qui à tour de rôle avec leur maman  , le soir au coin du feu , sous la lampe alimentée par l’huile des noyers de la propriété  , se rappellent le bon vieux temps  , et racontent des contes merveilleux .  Se joignent à eux tous leurs amis , voisins  et aussi tous les  oncles et cousins . Ils se régalent de galettes de sarrasin , de tartes aux épinards , de raves qui grillent dans le foyer , des châtaignes qui cuisent dans l’eau bouillante ou dans la cheminée .

 

        De même , il assiste à  la joie de la famille à la fin de la guerre de 1870 , lorsque ,

 

les Allemands évacuent le territoire Français le 16 septembre 1873 .

 

Il essaiera de comprendre les nouvelles qui arrivent de par le monde,c’est ainsi que:        

 

              En Amérique , le génocide des Indiens d’Amérique du Nord prendra quarante années , de 1834 à 1877 . Ce sera ensuite , en quelques mois , le massacre des bisons ,  source de subsistances des dernières tribus nomades . Parmi les témoins , l’écrivain Herman Melville dira : “A  la lumière de ce combat , on peut se demander ce qui sépare l’homme éclairé du sauvage ?”.

 

        Le 2 février 1878 , mort de la  Grand’mère  maternelle  de Blaise . Elle a 58  ans . Sa maman  perd ainsi sa mère Etiennette Guillemin femme de Mathieu Fournier . La voici 2 ans après avoir perdu son mari à nouveau seule . Pour la cinquième fois , elle perd l’un des siens . Elle a encore le soutien de sa belle mère .

 

        Depuis les années 1874 , Blaise ne voit sa mère que vêtue de noir : grand voile , petit voile puis à nouveau grand voile , fixés à un chapeau dont la forme s’est rapetissée ces dernières années : il ressemble plus à un « bibi ».  Néanmoins , Catherine a toujours  son visage caché les jours d’enterrement .   

        

        Cependant , Catherine continue de veiller sur l’éducation chrétienne de ses enfants et sur sa maison . Sévèrement , elle réglemente et économise : un sou est un sou . Depuis 1854 , date d’apparition de la première machine à coudre  , en bonne maîtresse de maison , Catherine a acheté cette merveille qui lui permet de confectionner des vêtements pour ses enfants , d’autant plus qu’elle a appris  la couture . Ses deux filles : Marie Mathilde et Marie Émilie auront les plus belles robes de Saint Andéol !.

 

        Blaise-Henri a une maman qui ne s’épargne pas .

        Elle passe ses journées à courir d’un champ  à une vigne sans oublier le jardin et en plus , elle entretient la maison , fait la lessive , raccommode , prépare les repas … Heureusement , petit à petit ses filles vont lui apporter leur aide .

 

Blaise Henri a 10 ans lorsque :   

 

        Jules FERRY  , marque sa volonté de laïcisation de l’enseignement du second degré.Par décret , il oblige les jésuites à évacuer leurs établissements .

        

        Le 14 juillet 1880 : première célébration de la Fête nationale .

        Pendant ce temps , de l’autre côté de l’Atlantique , le flot des immigrés arrivant en Amérique ne cesse de grossir .   

 

        Le 28 mars 1882  :  Blaise-Henri bénéficie de la nouvelle loi qui vient d’être votée . L’enseignement primaire est désormais rendu obligatoire de six à treize ans . De plus , depuis quelques mois une loi a instauré la gratuité de l’enseignement dans les écoles publiques . Merci Monsieur Jules Ferry !.

 

        Le 25 avril 1883 , les Français bombardent Hué . Ils conquièrent le Tonkin et placent l’Annam sous protectorat français ( traité de Hué ) .

 

        Afin de se mettre en partie à jour de ses dettes , Catherine qui est devenue une femme de tête prend une obligation de mille francs auprès de Jean Boiron(traduc73.wps) . Mais elle est rentrée dans un cycle infernal d'emprunt pour rembourser.  Le 6 juin 1883 , elle signe une autre obligation de deux mille francs auprès de M. Jean-Louis Bonnand (traduc.74.wps) . Il est missionnaire en Cochinchine . C’est un ami de l’abbé Fournier . Une autre de mille huit cent francs est prise auprès de François Besson le 28 mars 1885 (traduc76.wps) . Elle reconnaît que ses biens sont grevés d’inscriptions hypothécaires pour la somme de sept mille francs .    

        A sa majorité Blaise-Henri , le 28 avril 1889 , et sa mère Catherine , prennent encore une obligation de mille francs auprès de Monsieur Besson (traduc78.wps) afin de pouvoir continuer à rembourser et assurer l'éducation de Marie Émilie  encore mineure .

 

        La même année ,

         Pour célébrer le centenaire de la Révolution de 1789 et pour  effacer les stigmates de la cuisante défaite de 1870 , la France invite le monde entier à l’Exposition Universelle avec comme symbole une tour de 300 mètres de haut c’est :  la Tour Eiffel . Elle a été construite en 2 ans , 2 mois , et 5 jours . Elle comporte 18 038 pièces métalliques , 2 500 000 rivets et pèse au total 10 100 tonnes . Elle est comparée par Maupassant à un  «squelette disgracieux».

        Un scandale va bientôt éclater :   le 28 mars 1889 ,  une plainte a été déposée contre  la  Direction de la

" Compagnie du Panama " pour détournement d'argent et corruption ; déjà... Deux hommes illustres sont concernés , Ferdinand de Lesseps et Gustave Eiffel, l’un des principaux ingénieurs du projet . La société est liquidée après avoir englouti plus d'un milliard et demi de francs ( 35 milliards d'aujourd'hui ...) et lésé des centaines de milliers de petits épargnants dont notre famille BOUD’HUILE en la personne de Blaise Henri qui avait acheté des obligations .

        Un des administrateurs de la Compagnie a remis à Constans , le ministre de l'intérieur , une liste de 104 noms de parlementaires qui ont touché des pots- de-vin . Et , dans la nuit du 19 au 20 novembre 1892 , le banquier Jacques de Reinach décède . Il avait été le principal conseiller dans l'affaire et sa mort déclenche une crise qui va ébranler la III° République .

 

        En 1890, Clément Ader effectue un survol de soixante mètres à bord de son aéroplane qui fonctionne à la vapeur .

 

        Blaise-Henri a 29 ans lorsque sa grand’mère paternelle  Marie Jacquemont s’éteint le 29 septembre 1891 à l’âge de 80 ans . Vie longue et laborieuse semée de joie et de peine:elle rejoint au paradis son mari Pierre et son fils Henri-Noël .

 

        En 1892 , en Grande-Bretagne , débute la publication des “Aventures de Sherlock Holmes , d’Arthur Conan Doyle . L’année suivante Anton Dvorak fait jouer sa “Symphonie du Nouveau Monde” .    

 

        Une autre obligation est passée les 23 mai et 24 juin 1892  devant le notaire de Saint Andéol , Maître Savy , au profit de Antoine Thonnérieux et Jean François Besson pour trois mille francs (traduc79.wps) . Celle-ci engage Catherine  avec ses deux enfants Blaise Henri et Marie . Elle sera remboursée le 10 septembre 1897 .

 

        En France dans son premier ouvrage sociale , “La Division du travail social” , Durkeim reprend la distinction entre communauté et société . La communauté met en jeu une division rudimentaire des tâches et fonctionne selon le principe de solidarité mécanique ; la société implique au contraire une spécialisation croissante des fonctions et repose sur la solidarité organique .

 

        Le 9 décembre 1893 , une bombe explose dans l’hémicycle de la Chambre des députés. Panique , cris , de nombreux députés blessés . En dépit du brouhaha , le président , Charles Dupuy, lance : 

« Messieurs , la séance continue! » Un instant plus tard , il ajoute avec l’emphase coutumière de l’époque: 

« Il est de la dignité de la Chambre de la République que de pareils attentats , d’où qu’ils viennent et dont, d’ailleurs nous ne connaissons pas la cause , ne troublent les législateurs. »

        Auguste Vaillant, qui a lancé la bombe , est arrêté . Avant d’être guillotiné deux mois plus tard , il explique son geste par sa volonté de venger l’anarchiste Ravachol, lui-même guillotiné le 11 juillet 1892 à la suite de quatre attentats à la dynamite et qui , lors de son procès , avait lancé à la Cour « La société est pourrie ».

 

        Le 24 juin 1894 , un autre anarchiste , Caserio , assassinera le président Sadi Carnot à Lyon en réplique aux mesures d’exception contre la flambée d ’anarchisme .

        Cette flambée d’anarchisme prétend s’inspirer des enseignements de Proudhon et de Bakounine , penseurs en rupture avec le socialisme .

        Elle reflète surtout le malaise d’une époque marquée par le scandale de Panama , l’affaire Dreyfus, les menées chauvinismes et revanchardes , les rivalités coloniales avec l’Angleterre , la volonté d’en découdre avec l’Allemagne …

 

        En peu d’années , plusieurs présidents de la République se sont succédés : Jules Grévy / Sadi Carnot / Casimir Perier et maintenant Félix Faure .

 

 

        Pour répondre à une demande du notaire , Marie -Mathilde demande un extrait de naissance le 13 juillet 1896 à la mairie de Saint Andéol (traduc80.wps) . Elle demande aussi un extrait de décès de son père Henri-Noël (traduc81.wps)

        A cette époque , en 1896 , Marie-Mathilde et sa sœur Marie-Émilie qui ont reçu une éducation stricte , se sont beaucoup investies auprès de leur mère et de leur frère . Elles rêvent d’un avenir autre que celui de la terre . C’est si dur !  Modernes , majeures , sérieuses , elles  prennent souvent le train pour découvrir Lyon et Vienne . Elles lorgnent la ville , elles veulent voir la modernité .  

 Parce qu’elles sont filles de propriétaires terriens , elles ont échappé à la féminisation du travail  qui s’est étendue au commerce et à l’administration surtout dans les villes .

 

        Dans les usines , la condition du labeur des femmes est un véritable esclavage pour un salaire moyen de misère  soit 2,10 francs par jour alors que les hommes gagnent pour le même labeur 3,90 francs .

 

        Les deux sœurs font la différence entre les valeurs de leur société terrienne et le monde ouvrier où la déchristianisation est désormais un fait accompli à cause de l’essor industriel . Pourtant des femmes vont s’insurger telle Louise Michel qui s’allie aux premières militantes , aux premières féministes , des Droits de la Femme pou obtenir  instruction et salaire décent . Leur idole est Victor Hugo .

 

        La première , rencontre  cette même année le séduisant Jean Louis MICHEL , brigadier de gendarmerie . Elle n’est pas insensible à ce bel uniforme aux galons dorés , les boutons brillant comme de l’or , les épaulettes , bref … ce costume lui paraît prestigieux . (voir photo)  De plus comme beaucoup d’hommes à cette époque , ce beau gradé au visage sérieux a une bouche a demi cachée par une épaisse moustache à la gauloise … Il représente l’ordre , la discipline , la moralité .

 

        Pour Marie -Mathilde qui a reçu une éducation rigoureuse et religieuse ce métier qu’exerce son futur mari  lui plait . Après leur mariage , le couple va habiter à Bas-en-Basset dans la Haute Loire . Blaise-Henri connaîtra  5 neveux dont un  , Joseph  , qui sera prêtre.( à noter qu’un des autres fils , Henri Michel chef de gare de la gare de Perrache à Lyon sera le parrain d’Henri Dancette )

 

        La deuxième sœur , Marie Émilie trois ans après , se mariera avec Joseph-Pierre Guernet qui habite Vienne (voir photo) .  Il travaille dans l’industrie du tissu : il est apprêteur . Ils auront une fille . ( laquelle aura aussi une fille qui s’amusera plus tard avec Marie-Paule : la cousine Mayousse ) .   

 

        Cette année au théâtre , Tchekhov fait jouer “La Mouette” à Saint Pétersbourg , et à Paris Alfred Jarry fait représenter “Ubu roi” .

        Le 13 janvier 1898 l’article de Zola “J’accuse” est publié dans L’Aurore , journal de Clémenceau . Il provoquera un scandale retentissant . Quelques mois après , la découverte d’une fausse preuve fabriquée rend inévitable la révision du procès .

        Marie Curie découvre le polonium , et le radium quelques mois plus tard . Elle recevra le prix Nobel en 1903,  avec son mari Pierre Curie et Henri Becquerel , découvreur en 1896 de la “radioactivité” (le terme est de Marie Curie )

        En Afrique du Sud , la guerre des Boers éclate . Après quelques succès , les Afrikaners autour du président Kruger , doivent capituler . Après leur victoire , les anglais se livrent à de terribles représailles.      

        En Allemagne , la firme Bayer commence à commercialiser l’Aspirine , identifiée dès 1876 .

 

        En France , les oeuvres de Van Gogh et de Gauguin jouissent enfin d’une certaine reconnaissance et influencent les jeunes peintres que le critique Vauxalles appellera “fauves” : Derain , Marquet , Friesz , Van Dongen,  Vlaminck .

        Le Président de la République , Félix Faure , meurt le 16 février 1899 à l’Élysée d’une attaque d’apoplexie . La petite histoire raconte qu’il était en galante compagnie avec sa maîtresse ... La police demandant au maître d’hôtel au téléphone si le Président était conscient , il répondit « qu’il était avec sa connaissance » …  

 

        Aux États Unis , l’essor de la presse coïncide avec l’apparition des premières bandes dessinées populaires dont le succès sera tel qu’elles serviront d’arguments de vente dans la guerre que se livrent les journaux . Le Jazz , style Nouvelle-Orléans prend son essor .      

  

        Parmi les amis de la famille Boud’huile ,on trouve  les POIRIEUX , amis de 30 ans ! ...

 

        C’est une vieille famille installée à La Rivoire commune de Saint Andéol et aussi issue d’Échalas . ( voir documents familiaux de 1815-1868 ) qui est apparentée aux familles Coignat et aux familles Charles du côté paternel et aux familles Pitival , aux familles Pitrat et à la famille Joannon du côté maternel. Ils sont tous propriétaires cultivateurs  et aussi chapeliers et charpentiers.

 

        A cette époque , la France compte 36 012 669 habitants . Parmi cette population , on relève 19 064 071 individus  qui vivent de l’agriculture mais ils ne sont que 7 275 613  propriétaires de leur terre qui la font valoir , telle notre famille .

 

        Blaise depuis son enfance connaît Marie-Claudine  qui a juste 2 ans de moins que lui  ( elle est née le 16 juin 1870 ) .

        Après le temps , certes , des rires et des chants ... le temps où l’on papote , l’on flirte , l’on minaude .... Bref , on se plait !... Voici venu le temps pour Blaise Henri , avant de devenir vieux garçon , de songer à fonder une famille .

                

        Depuis déjà longtemps il a abandonné l’idée qu’il pourrait lui aussi être tailleur d’habit comme son père, comme son grand père . La charge de l’héritage veut qu’il soit  propriétaire-cultivateur . Le travail est important.  Il doit s’occuper de toutes les terres de la famille qui sont disséminées autour de Saint Andéol et dont la surface s’est agrandie ces dernières années et aussi , il gère les terres de son oncle abbé à qui il doit rendre des comptes . De plus , sa mère dominante ne lui rend pas la vie facile . Elle veut tout voir , tout savoir …

 

         Elle est encore la Propriétaire rentière , pleinement responsable  de tous les biens de la famille !

 

        Donc , un beau jour du mois d’août , il se décide enfin , il a 30 ans et Marie-Claudine a 28 ans ! ( Ils ont tous deux coiffé sainte Catherine ) . Le voici astiqué , cravaté, ganté et portant un chapeau qui se présente devant la mère de Marie-Claudine pour demander la main de sa fille .

        Avec le consentement et l’autorisation de leurs deux Mères , Catherine Fournier et Claudine Joannon veuve de Jean Marie décédé le 30 décembre 1877 , Blaise-Henri va pouvoir épouser Marie-Claudine Poirieux  qui habite au hameau de La Rivoire (traduc82.wps) commune de Saint Andéol . Un contrat de mariage est établi le 26 août 1899 . Marie Claudine n’a pas de profession .

 

        C’est le 8 septembre 1899 qu ’est célébré leur mariage civil à la mairie de Saint Andéol  .

 

        En cette période de l’année , pour ne pas perdre une journée de travail dans les vignes et dans les champs,   ils ont choisi une cérémonie dans la plus stricte intimité  avec les inévitables mères et les témoins en la personne du frère de la mariée , Nicolas Poirieux qui est aussi cultivateur et Jean Marie Joannon , également cultivateur . Se sont joints le boulanger François Garnier qui a succédé au grand père  Fournier et bien sûr l’instituteur du village , sans oublier Monsieur le Maire .  

 

        Imaginons le lendemain …..

 

        La mariée coiffée , fardée , pommadée , parfumée a revêtu une belle robe blanche toute simple . Adieu aux robes de couleur des grands mères . Marie-Claudine s’est confectionnée une jupe à la taille qui est soutenue par un petit coussinet appelé «  strapontin  » . Son corsage est tout en dentelle  . Sa tête est couronnée de fleurs d’oranger . Le marié est en habit noir . Ils sont magnifiquement beaux .  

        La messe et la bénédiction nuptiale sont assurées par l’Abbé Antoine Fournier qui est curé à Saint Didier-au-Mont-d’Or  . Après les félicitations , après tous les bons vœux de bonheur , c’est la réception qui réunit toute la famille et tous les amis .  

        

        Le jour même , Marie-Claudine s’installe chez son mari . Elle a déjà installé tous ses meubles en place : armoire à deux portes , table ronde  . Elle a porté tout son linge de maison : draps , essuie-mains, couvertures , ses robes , le tout estimé à 600 Francs  et … ses bijoux  .

        

        La nouvelle madame Boud’huile , à l’aube du XX° siècle , fait partie de l’indiscutable majorité de françaises  ( 58%) qui habitent la campagne et qui vivent de la terre  .

        Au cours des dernières années passées , de profonds changements sont amorcés . Plus de solitude au sein du village . Les garçons qui reviennent du service militaire racontent un autre monde . Aussi pendant les veillées,  on ne ressasse plus les histoires  des anciens , même le patois se perd .

         

        Marie-Claudine qui sait lire et écrire se fait envoyer le catalogue de mode des grands magasins et aussi prend un abonnement au « Petit Echo de la Mode » . Elle regarde les belles robes  portées par les parisiennes , elle est surprise par le corset à lacet : il faut vingt minutes pour le lacer ...

        Elle n’a pas tous les jours le temps …et puis dans les jardins : à quoi bon ... Par contre , elle veut bien , suivant la mode du moment raccourcir ses jupes pour montrer ses fines chevilles !

        De plus , curieuse , elle apprécie la littérature féminine : Georges Sand  , Anna de Noailles , Colette  . Elle sait que depuis 1861 , une femme à force de ténacité a obtenu un diplôme : le baccalauréat . Elle voudrait bien aller à Paris voir les expositions des peintres impressionnistes , en particulier voir les tableaux  de Berthe Morisot qui , dit-on , a peint comme on fait des chapeaux  ! Et puis , on parle d’un certain Moulin Rouge ! D’une danseuse appelée la Goulue ! En fait , elle se sent un peu étrangère à cette période dite :  « Belle Époque »  qui s‘achèvera en 1914  (nul ne sait quand elle  a vraiment  commencé) .

 

        Ce qui l’occupe avec joie , c’est son nouvel état : elle attend un bébé !

 

        Le 3 décembre de la même année 1899 , Catherine âgée de 52 ans fait une donation-partage de tous ses  biens (traduc83.wps) en présence du notaire . Sont présents , bien sûr , Henri Blaise , mais aussi Blaise Boiron agissant comme mandataire de Marie Mathilde ( sœur aînée ) mariée au gendarme Jean-Louis Michel .  Sans permission de sortie , ils n'ont  pu se déplacer . Il y a aussi Marie Émilie ( petite sœur  ) avec son mari Joseph Pierre Guernet . Ils habitent à Vienne , au n° 3 de la rue Clémentine !

 

        Un partage en trois parts de tous les” immeubles “ est établi . Chacun devra payer une rente viagère  de 120 francs par an , appelée tontine , à leur mère . Ils devront donner aussi  chaque année , " deux cent dix litres de vin rouge à la récolte , soixante dix fagots de bois , et mille kilogrammes de charbon " .

 

Henri-Blaise devient propriétaire de :  

- La maison de St.Andéol .

- La maison d’exploitation ( boulangerie )

- La vigne et pré de Barny de    33 ares      (3300 mètres carrés)

- La vigne et pré de Cloyeux de 42 ares      (4200       -           -   )

- Une horloge ancienne et sa caisse à colonne   20 Francs .

 

        Cette même horloge majestueuse ,78 ans après , se retrouvera dans un autre foyer.( voir photo d’une réunion familiale émouvante de souvenirs figés à 15 heures précises , un dimanche chez  Jean et Marie Paule Tunési à Pont de Cheruy en 1977 ).

 

        A l’aube de ce nouveau siècle , c’est dans la joie et le bonheur que naissent au nouveau foyer de Blaise-

Henri et de Marie-Claudine  les 4 filles du propriétaire-cultivateur et vigneron  :

 

Catherine                   vient au monde   le 14  juin       1900

Clotilde-Louise                    "              le 21 août       1901

Anne Marie Antonia              "              le 21  juin       1903

Laurentine-Louise                "              le 13 janvier    1906

 

        Toutes ces petites princesses  vont réjouir et réchauffer le cœur de cette famille si éprouvée .

Pour la première fois dans l’histoire de la famille Boud’huile , il n’y a pas de naissance d’enfant de sexe masculin d’où l’extinction du nom Boud’huile  .

 

        Pour faire face à cette nouvelle petite tribu , leur père va déployer toutes ses forces et son savoir pour leur apporter le bien-être . Elles vont grandir en recevant la même éducation que leur parent : foi chrétienne , amour de la famille , amour du travail  .   

Pendant ce temps ,

 

        Le premier dirigeable rigide conçu par Ferdinand von Zeppelin et portant son nom effectue son vol inaugural. Toujours en Allemagne et en physique , Planck publie sa théorie concernant l’émission de l’énergie sous la forme de quantités finies élémentaires: les “quanta” .

 

 

        En peinture , Claude Monet expose pour la première fois , chez Durand-Ruel , les Nymphéas, qu’il peint depuis 1883 .

        Le 30 mars 1900 , Alexandre Millerand soumet à l’Assemblée une loi sur la durée du travail :

11 heures par jour pour les femmes et les enfants  .

        Et oui , les grèves n’existaient pas ..... Et Marc Blondel non plus ….

 

        L’année 1900 est marquée par un double événement en France : l’Exposition Universelle et presque dans le même temps les jeux Olympiques . Paris ne vit que pour l’Exposition et le baron  Pierre de Coubertin,

 a beaucoup de difficultés en tant qu’organisateur de la deuxième olympiade .      

         

        Depuis 1900 , un événement reconnu le plus marquant de cette génération et qui va modifier les habitudes de nos grands parents se produit : c’est l'ÉLECTRICITÉ qui arrive à Saint Andéol . Plus de bougies , fin de la lampe à huile,  plus d’odeur , plus de servitude . On tourne un bouton  et la lumière jaillit … Vive le progrès  ! Longtemps , nos grands parents  loueront ce nouvel acquis .

        C’est le 8 janvier 1901 que Claudine Poirieux grand mère de la petite Catherine signe une convention avec la Société Grenobloise de Force et Lumière ( traduc83.wps ) . Les fils électriques pourront passés sur la maison et les terrains aux frais et sous la responsabilité de la Société .

                                                                                                                       

…….…..       

        Le 22 janvier 1901 , la reine Victoria meurt . Celle que l’on a surnommée “la grand mère de l’Europe” , en référence à son illustre descendance , a marqué l’apogée de la puissance britannique .

        Aux États Unis Théodore Roosevelt succède à Mac Kinley , tué par un anarchiste , à la présidence des États Unis .  

 

 

Ainsi s’achève le XIX ° siècle  ,

marqué par la révolution industrielle dont les effets ont ravagé les sociétés ,

remodelé les idéaux et les sensibilités .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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