carnets de famille

 

| carnets de famille | annexes | arbres | originaux |  

 annexes > histoire du tisserand

documents annexes 

 

tables des matières

an mil - naissance de l'Europe (987 - 1492)

 chronologie histoire et documents

calendrier, origine et évolution, républicain

 dictionnaire et explications de texte

 la monnaie

 métrologie historique

 consuls à la fin du XVII° siècle

 histoire de Givors et ses environs

 histoire du laboureur

 histoire du tailleur d'habit

 histoire du tisserand

 histoire de l'écriture

histoire de l'almanach

histoire

du pain

histoire

du vin

histoire

du violon stradivarius

histoire

du 22° régiment infanterie coloniale

histoire de la mémoire repliée des prisonniers

le camp Stalag XIA de Altengrabau

histoire de la solution finale

rapatriement des déportés en 1945

histoire des femmes tondues en 1944

guerre, femme et nation en France (1939-1945)

liste des documents familiaux Boudhuile

Fournier

Poirieux

Charles

Pitival

chroniques paroissiales curé de Chassagny

Carte de Cassini

plan Givors en 1739

plan givors en 1752

tableaux évocateurs

arbre Fournier et Guillemin

arbre Boud'huile et Dancette

tableau chronologique événements

liste autres traductions

liens internet

 

 

LES TISSERANDS AUTOUR DE ROUBAIX-TOURCOING

 

Le Peigneur de laine et le Tisserand

 

 

Un peu d’histoire

 

        Bien que l‘emploi du peigne soit attesté dès l’époque romaine , on dispose de peu d’information sur ce métier jusqu’à la Renaissance . Ce n’est qu’à partir de cette époque que les étoffes fines et les draperies vont se développer . Dans le Nord , et plus particulièrement à Tourcoing les peigneurs de laine représentent alors 30% des professions . Cela restera vrai jusqu’au Second Empire : “On comptait , en 1789 , dans tout l’arrondissement , 2000 peigneurs , dont les 4/5 à Tourcoing...” .

 

Le travail du peigneur

 

        Le peigneur travaille assis protégé par un tablier de cuir . Il pose un premier peigne (fixe) et démêle (on dit détouiller) la laine à l’aide d’un second peigne . Les peignes doivent être chauffés pour améliorer la flexibilité du poil . Pour que le travail soit plus facile , la laine est enduite de beurre (qui n’est pas du beurre de ferme , mais un beurre rance venant le plus souvent de Russie ) . Le peigneur consomme environ 6000 livres de beurre par semaine pour fabriquer une vingtaine de kg de laine .

 

La situation géographique

 

        Le Ferrain , La Pévèle et Le Mélantois composent la région fabrique ; c’est-à-dire la zone d’où provenaient les matières textiles servants à la production des fabricants de Roubaix et de Tourcoing .Cette région est très copieusement irriguée , ce qui est un atout indispensable pour les travaux textiles : lavage , teinture , etc ... L’ ensemble de cette région était déjà très peuplée depuis longtemps . Rien que dans les villes et les villages , on compte 100.000 habitants en 1800 , pour atteindre 170.000 en 1850 . Tourcoing et Roubaix à elles seules totalisent plus de 50.000 habitants en 1850 , et la population ne cessera de s’accroître .

 

Les contraintes douanières

 

        Les contraintes douanières commencent à l’époque de la Révolution . La création de fabrique ou d’usine près de la frontière nécessite l’autorisation du préfet et l’avis du directeur des douanes . Après une période floue , le rétablissement de la frontière en 1816 complique la situation . Il est alors défendu de faire tisser dans les communes belges; “Toutes les communes qui se trouvent dans les deux myria-mètres des frontières de terre sont assujetties au régime des douanes...”   

 

        L’apparition et la diffusion du métier Jacquard en 1830 , augmente encore les contraintes . La douane fait une distinction entre les métiers Jacquard et les métiers classiques , sans qu’aucune justification ne vienne étayer ce distinguo.  Les métiers Jacquard sont alors interdits à l’est de Roubaix et Tourcoing et dans la zone frontalière . Ce n’est qu’en 1840 que cette interdiction tombera , avec cependant la restriction suivante : les tisserands ne pouvaient couper la pièce qui était sur le métier qu’en présence des douaniers. Ceux-ci étant évidemment bien moins nombreux que les tisserands , l’attente pouvait durer jusqu’à 2 ou 3 jours , avec le manque à gagner que cela impliquait .

 

Les types d’entreprises

 

        Les types d’entreprises sont très variés ; on distingue essentiellement les peignages de laine , les filatures de coton et de laine , les fabriques de tissus . mais la réalité est plus complexe : beaucoup d’entreprises cumulent deux types (peignage et filature , filature et tissage , ...) .Certaines fabricants contrôlaient toutes les phases de la fabrication en dirigeant un atelier de filature , des tisserands à domicile et un atelier de tissage . Chaque entreprise peut comporter d’une dizaine à une centaine d’ouvriers couvrats jusqu’à vingt métiers différents .

        Il est très difficile de déterminer une taille moyenne d’entreprise à cause de la variété de celles-ci . Jusqu’à la fin du XVIII° siècle les entreprises modestes sont majoritaires ; il s’agit souvent d’artisans travaillant à domicile avec leur femme ou de petites fabriques . Dans la première moitié du XIX° siècle , la mécanisation aidant , on constate une diminution des petites et moyennes entreprises (jusqu’à 50 ouvriers) et une augmentation des entreprises plus importantes . Cette tendance ne fera que se confirmer au fil du temps ; on trouvera au XX° siècle des entreprises de plusieurs milliers d’ouvriers .

 

Main d’œuvre féminine

 

        De tous temps , la main d’œuvre féminine a toujours été très importante dans le domaine du textile . Dans la région de Saint Amand on comptait en 1789 plus de 2000 fileuses . Dans cette même région , en 1826 , elles représentaient 90% des ouvriers du textile . Cette proportion est surtout valable pour le travail à domicile . A Roubaix en1852, il y a 22.500 ouvriers employés dans le textile ; parmi eux on trouve 12.000 femmes ou filles .

 

Le tisserand à domicile et ses contraintes

 

        L’engagement réciproque est un élément important de ses relations avec le fabricant . Celui-ci est tenu d’informer le tisserand qu’il lui remettait la dernière chaîne à confectionner . Toutefois une chaîne permettant de tisser deux pièces , ce point était souvent source de litige . Quand le tisserand avait terminé sa pièce , il l’apportait au fabricant et renégociait parfois le prix de façon décidé au départ .

        Le fabricant était tenu au départ de noter la quantité de matière délivrée . Lors de la remise de la pièce , une pesée permettait de comparer . La différence (appelée freinte) était composée pour parties de pertes inévitables dues aux déchets , et aux modifications hygrométriques ; parfois la freinte était aussi la partie prélevée par le tisserand pour son usage personnel .

 

La vie du tisserand

 

        Périodiquement , à l’aube , le tisserand sort de sa modeste maison dans de nombreux villages autour de Roubaix ou de Tourcoing . Sur sa brouette (outil indispensable duquel viendra le surnom de “broutteux”) , il va porter au fabricant la pièce qu’il vient de terminer . A l’époque , nombreux étaient encore les chemins de terre qui traversaient les campagnes . Ce n’est qu’aux abords de la ville que l’artisan trouvera des voies pavées où la brouette sera moins difficile à pousser . En échange de la pièce , le fabricant remet au tisserand sa rémunération . Et le tisserand repart avec la chaîne enroulée sur l’ensouple et la trame nécessaires à la fabrication d’une autre pièce , toujours au moyen de sa brouette .

 

        Le lendemain , pendant que le tisserand prépare le métier en rentrant les fils de chaîne dans les lisses , sa femme ou ses enfants sont chargés de confectionner les canettes (épeules) qui seront placés à l’intérieur de la navette . Levé dès l’aube , couché souvent après le soleil , ne s’arrêtant que pour s’alimenter , la journée du tisserand est rythmée par le va et vient de la navette dans le métier . Le dimanche est le seul jour non travaillé . Le matin est consacré au jardin qui apportera les fruits et les légumes . L’après-midi se passera à l’estaminet entre une bonne bière , une longue pipe et les jeux de l’arrière salle .

 

L’habitat du tisserand

 

        La maison du tisserand est en général petite (moins de 50 m²) , ne comporte qu’une porte et une fenêtre . Elle n’est souvent composée que de deux pièces : La cuisine avec sa cheminée qui tient lieu de pièce à vivre . L’ouvroir est la partie réservée au tissage où trône le métier (“l’otil”) . Cette partie est généralement en terre battue pour maintenir l’humidité nécessaire au fil . Sous les combles , la soupente sert de chambre pour tous .

 

La fabrique

 

        Les obligations - L’engagement réciproque est l’élément-clef de ces obligations . Il est généralement de 15 jours . Pendant cette période , le maître ne peut pas licencier son ouvrier  et celui-ci ne peut pas quitter la fabrique . La période d’essai est une pratique rare , qu’on retrouve parfois lorsqu’il s’agit de travailler sur un métier Jacquard . Le livret d’ouvrier doit être présenté lors de l’entrée dans l’atelier . Ce livret constituait un moyen de pression de la part des fabricants ; en cas de conflit avec l’ouvrier , son livret ne lui était pas rendu,  empêchant toute embauche postérieure .

        Les Horaires - Les fabricants sont très stricts sur les horaires de travail . La journée comporte en général 14 heures (y compris les pauses) . En été on commence à 5 heures du matin . La pause de midi est de 1 ou 2 heures , complétée par des pauses d’un quart d’heure dans la journée . Les retards sont sanctionnés par des amendes . Les absences sont défalquées de la paye .  Le vol est sévèrement puni .  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

contact  - plan du site - index - liens